Comment éviter un conflit familial pour mise sous tutelle?
Les conflits familiaux autour de la mise sous tutelle peuvent être de véritables tempêtes émotionnelles. Quand un proche ne peut plus gérer seul ses affaires, la question de la tutelle se pose souvent, mais cette décision est rarement simple à accepter. Elle implique de retirer une partie ou parfois la totalité de l’autonomie d’une personne, et cela réveille souvent des tensions familiales, des incompréhensions, voire des disputes. Pourquoi ? Parce que l’autonomie est une chose précieuse, et la tutelle, bien qu’elle soit une mesure de protection, peut être perçue comme un geste brutal par la personne concernée et ses proches.
Pourquoi la mise sous tutelle peut-elle créer des conflits ?
La mise sous tutelle est une procédure légale visant à protéger une personne qui n’est plus capable de s’occuper d’elle-même ou de ses biens. Cela peut être dû à l’âge, une maladie, un handicap, ou un accident. Mais, au-delà de la légalité, c’est une décision lourde de conséquences sur le plan émotionnel. Cette démarche, même si elle est souvent nécessaire, peut réveiller des peurs, des méfiances, et de nombreux malentendus au sein de la famille.
Un processus émotionnellement chargé
Voir un parent ou un proche perdre son autonomie peut provoquer une véritable onde de choc dans la famille. D’un côté, certains membres peuvent ressentir une grande culpabilité à l’idée d’imposer cette décision. Par exemple, dans certaines familles, un enfant peut se sentir responsable de la dégradation de la santé de son parent et hésiter à prendre des mesures pour le mettre sous tutelle. De l’autre côté, d’autres peuvent s’opposer farouchement à l’idée, par crainte de blesser ou d’humilier la personne concernée.
Une amie m’a récemment raconté comment ses frères et elle ont vécu le processus de mise sous tutelle de leur père, atteint de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’elle pensait que c’était une décision évidente pour protéger leur père, l’un de ses frères refusait d’admettre la gravité de la situation et s’accrochait à l’idée que leur père pouvait encore gérer ses affaires seul. Cela a créé un fossé entre eux, nourri par une culpabilité latente de ne pas pouvoir faire davantage pour leur père.
Le point de vue de la personne concernée
Pour la personne qui est placée sous tutelle, la situation peut être vécue comme un véritable traumatisme. Elle peut se sentir humiliée ou dévalorisée à l’idée de ne plus avoir le contrôle sur ses affaires. Imaginez un instant : vous avez passé toute votre vie à gérer vos finances, à faire vos propres choix, et soudain, vous êtes considéré(e) comme incapable. C’est un coup dur à accepter, surtout pour les personnalités très indépendantes.
Je me souviens aussi de mon grand-père, un homme fier et autonome. Quand la question de la tutelle est arrivée sur la table, il s'est senti profondément blessé, convaincu que ses enfants ne lui faisaient plus confiance. Il a fallu du temps et beaucoup de pédagogie pour qu’il comprenne que cette démarche visait à le protéger, et non à lui enlever sa dignité.
Problèmes de confiance
Les conflits de confiance sont souvent au cœur des désaccords familiaux autour de la mise sous tutelle. Certains membres de la famille peuvent douter des intentions des autres. La question qui se pose alors est : qui souhaite vraiment protéger la personne vulnérable et qui est peut-être plus intéressé par les aspects financiers ou la gestion des biens ?
Prenons l'exemple d'une famille où l’un des enfants est particulièrement proche du parent vieillissant et propose de devenir son tuteur. Il est fort possible que d’autres frères et sœurs se méfient, suspectant que cette proximité dissimule des intérêts financiers. Ce genre de soupçons peut vite dégénérer en conflits ouverts. J'ai un ami qui a dû traverser une telle situation lorsque son frère a pris l’initiative de devenir le tuteur de leur mère. Il y avait cette crainte sous-jacente que l’un profite de la situation pour s'approprier une partie de l’héritage. Cela a créé des mois de tensions familiales.
Questions de légitimité : qui est le plus apte à devenir tuteur ?
Le choix du tuteur est une décision délicate qui peut parfois provoquer de vives disputes. Qui est le plus légitime pour devenir le tuteur ? Est-ce l’enfant qui vit à proximité et peut veiller quotidiennement sur le parent ? Ou est-ce celui qui a toujours été considéré comme le plus responsable au sein de la fratrie ? Ou encore, celui qui a toujours eu une relation privilégiée avec le parent concerné ?
Dans une autre famille que je connais, un des enfants, vivant à l’étranger, souhaitait assumer la tutelle de leur père, arguant qu’il était le plus proche affectivement de lui. Mais ses sœurs, qui vivaient toutes deux dans la même ville que leur père, estimaient qu’elles étaient plus disponibles pour s’occuper de lui au quotidien. Ce désaccord a rapidement dégénéré en conflit ouvert, chacun estimant avoir la meilleure vision des besoins de leur père.
Comment éviter ou gérer ces conflits ?
Pour éviter que ces tensions ne se transforment en guerres familiales, il est essentiel d’établir une communication ouverte et de discuter sereinement des besoins de la personne concernée. Chaque membre de la famille doit se sentir entendu et impliqué dans le processus de décision, même s’il n’est pas directement concerné par la gestion de la tutelle.
Discuter dès le début des enjeux et des rôles de chacun peut aussi aider à éviter que des conflits n’émergent plus tard. Et si les discussions deviennent trop tendues, il peut être utile de faire appel à un médiateur pour éviter que la situation ne s’envenime.
Enfin, il faut garder à l’esprit que la tutelle, bien qu'elle retire une partie de l’autonomie de la personne, est avant tout une mesure de protection. La priorité doit toujours être le bien-être de la personne vulnérable, et non les intérêts personnels des membres de la famille...
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